La Parole pour une représentation verbale de son monde intime.

Le langage offre un soutien fondamental aux phénomènes traumatiques.  Ainsi, l’élaboration du récit d’un passage difficile de sa vie a pour vertu de doter le sujet d’une construction verbale qui permet de minimiser le risque de syndrome post traumatique. Cette structure ainsi ancrée dans le psychisme permet de mieux maîtriser alors son monde intime et donc « traverser » plus facilement les obstacles et les traumatismes.

Sans forcément parler de traumatisme, on peut comprendre que s’exprimer, parler, essayer de dire ce qui vous arrive, apporte réconfort et résolution de beaucoup de vos difficultés émotionnelles.

Vous constaterez que quelque soit les thérapies choisies, au bout du compte elles se finissent souvent par une « mise en mot » c’est-à-dire une explication verbal de la souffrance et de ses causes.

A contrario, le silence et l’évitement peuvent accroître le mal être, et laisser se développer des angoisses somatiques.

Cependant, il y a des représentations (de soi, de sa vie, du monde et de son rapport aux autres) qui se sont construites de manière à cacher la source du mal : Le psychisme a bâti alors un réseau de croyances et de souvenirs écrans, affichant un récit de vie éludant des indices importants.

Revoir le récit de sa vie, l’analyser dans une séance, demande une collaboration engagée du patient.

Certaines réactions de fuite peuvent rapidement apparaître, pour des raisons qui sont légitimes au premier abord : Comme éprouver de l’ennui ou de l’impatience face à la tache fastidieuse de se pencher sur des détails de son histoire (le diable se trouve dans les détails). Ainsi certains patients abandonnent souvent et étonnamment, à l’approche d’un indice de résolution.

L’analyse est ainsi confrontée à des résistances de l’inconscient. Il est important en effet d’avoir conscience que les mécanismes de défense du patient se sont construits pendant de nombreuses années, il est donc complexe et délicat de venir dénouer cette construction et d’approcher la source du problème où se cache encore trop de souffrances.

L’approche doit aller au rythme du patient, déliant la souffrance progressivement et non brutalement, avancer dans la « dé-souffrance », et permettre également de faire la distinction entre les souffrances anciennes encore vives mais en lien avec une source sans réalité aujourd’hui  car ce sont des souffrances archaïques restées là depuis l’enfance  (et bien légitimes à l’époque infantile) et qui aux yeux de l’adulte, aujourd’hui, peuvent être relativisées (si il en prend conscience).

Ces souffrances d’enfant sont ce que j’appelle les « monstres dans le placard ». On a peur de ce qu’on imagine derrière la porte du placard. Une fois la porte ouverte, l’adulte constate que le contenu du placard n’a rien d’effrayant (n’a plus rien d’effrayant).

Il peut aussi y avoir d’autres souffrances qui sont peut-être plus complexes et qu’il faudra traiter avec une approche plus adaptée et une analyse plus longue.